Depuis que je me passionne pour la Haute-Fidélité j’en ai vu des évolutions, des transformations, des révolutions. En somme, tout un ensemble de réalisations qui tendaient vers un seul but : la reproduction la plus fidèle possible de la musique.

Au niveau des reproducteurs, les changements les plus significatifs ont été apportés sur la nature des membranes des haut-parleurs. Mais dans l’ensemble, la conception d’une enceinte acoustique est restée assez figée.

Dans le domaine professionnel, les enceintes de contrôle dites Monitor (en anglais), ont de tout temps été développées pour tendre vers la reproduction parfaite d’un signal audio, même si elles sont davantage conçues pour révéler les défauts des enregistrements. Plusieurs fabricants se sont bâtis une sérieuse réputation en s’appropriant la technique des studios. Parmi les plus connus, je peux citer ATC, FOCAL, JBL, PMC, TAD, YAMAHA … et bien d’autres encore.

Une des plus belles réussites est l’enceinte Philharmonia, développée par les Studios Amadeus et l’architecte Jean Nouvel, qui a été dévoilée au Salon de la Haute-Fidélité en 2015 (http://www.laudioexperience.fr/la-genese-de-lenceinte-phillharmonia/).

Une enceinte qui contient sa propre amplification, un DAC pour convertir les signaux numériques en analogique et un DSP paramétrable, c’est déjà un net progrès ou plutôt une véritable évolution par rapport à une enceinte classique.

Ne restons pas repliés sur le passé et sachons évoluer avec la technologie. Actuellement, le numérique permet tellement de souplesse qu’il serait regrettable de s’en priver.

Moins ambitieuses que les Philharmonia, les Kii Three que je vous commente aujourd’hui, je les ai découvertes au cours de ce même Salon organisé par la revue Haute-Fidélité.

Sans conteste, cette enceinte est un produit bien né. Lisez mon commentaire sur les Kii Three dans : http://www.laudioexperience.fr/le-salon-de-la-haute-fidelite-2015-a-eu-le-vent-en-poupe/

Le 20/08/2018, j’apprends qu’elle est distribuée en France par Musikii : https://www.musikii.com/

Invité à l’écouter attentivement, je prends rendez-vous avec l’importateur M. Stefaan Strypsteen, pour une séance de démonstration dans les locaux de sa société, à Allex dans la Drôme (26). Sur demande vous pouvez bénéficier d’une séance d’écoute personnalisée.

La salle d’écoute où est installé le système a une acoustique plutôt neutre. Stefaan introduit la conversation en me faisant part de son parcours, puis me présente la marque et la configuration de l’installation.

Stefaan est un mélomane émérite.

Il a possédé plusieurs équipements :
– enceintes Acarian systems (Alon1 et Lotus signature), Dynaudio Confidence C2, Living Voice IBX RW, Klinger Favre Studio 17

– électroniques et sources : Luxman, Manley Stingray, Esoteric x 01, Lavardin IT, Klinger Favre Studio et Studio master, Klinger Favre DAC, Aurender X 100L, Clearaudio Innovation avec Stradivarius et Sutherland PHD (préampli phono)

– câbles lavardin, Siltech et Klinger Favre

Une écoute des Kii Three l’avait convaincu de la spécificité du produit. Simple, une approche “scientifique” et moderne, capable de bousculer le marché. Le tout pour un prix “raisonnable”.

Les Kii Three se présentent comme un système complet, capable de restituer la musique dans toute sa dimension, y compris dans les basses fréquences.

Pour connaître toutes les caractéristiques des Kii Three je vous renvoie au site de Musikii : https://www.musikii.com/enceintes-audio-kii-three

Dans les grandes lignes, chaque enceinte possède 6 haut-parleurs conçus pour fonctionner à l’unisson puisqu’ils sont contrôlés par 6 amplificateurs de 250 watts en classe D, un pour chaque haut-parleur, quatre woofers (1 de chaque côté, 2 à l’arrière), un medium et un tweeter.

Outre le principe de fonctionnement en actif, elles disposent d’un DSP qui traite numériquement le signal afin d’éliminer la plupart des défauts des enceintes.

Ce DSP paramétrable possède un contrôleur à distance (le Kii CONTROL) qui permet d’effectuer plusieurs réglages en intervenant sur le filtrage des haut-parleurs.

Un filtre passe-bas assure la protection des boomers en cas d’excursion trop élevée des membranes.

Par leur fonctionnement suivant le mode cardioïde, ces enceintes éliminent les retours d’onde, avec la possibilité de les rapprocher jusqu’à 10 cm du mur arrière.

Matériel utilisé pour le test : L’ensemble Kii Three et le serveur Innuos Zenith Mk2 Std (https://www.musikii.com/serveur-innuos) dont Stefaan est revendeur.

D’abord avec le câble USB Wireworld Starlight 7, les essais se sont poursuivis avec le câble d’origine. Tous les autres câbles étaient livrés avec les Kii.

L’écoute s’est déroulée à partir de fichiers lus sur le disque dur de l’Innuos et de mes playlits depuis la plateforme de streaming TIDAL.

Dès les premières mesures, les bonnes impressions que j’avais ressenties en 2015 se confirment.

En effet, la restitution est très bonne. Beaux timbres, image réaliste, équilibre excellent … Tout laisse à penser que ces enceintes ont été conçues par des gens qui ont l’habitude du concert et qui se sont spécialisés dans la reproduction de la musique.

Parmi les principaux intervenants, qui sont à l’origine de la conception et de la réalisation des Kii Three :

– Bruno Putzeys, est le spécialiste des amplis en classe D, qui après l’invention des technologies UcD et Ncore, font office de référence auprès des audiophiles. Il est aussi à l’origine du haut-parleur LS1 chez Grimm Audio. Avec la création de Kii Audio en 2014, il entend révolutionner le monde des enceintes.

– Chris Reichardt a appris à jouer de la musique à l’âge de neuf ans. Il est devenu professeur de guitare dans les années 1980. Il a travaillé chez AVID, TC Electronic, SSL, Grimm Audio, pour n’en citer que quelques-uns. Il est très fier d’avoir maintenant l’opportunité de travailler avec des gens extrêmement talentueux. Kii Audio se concentre sur la conception et la fabrication de haut-parleurs ultramodernes pour les marchés grand public et professionnels en s’appuyant sur de nouvelles technologies dont Kii Audio a l’exclusivité et en portant la musique au plus haut niveau.

– Bart Van Der Laan a de grandes connaissances et une grosse expérience dans le développement des logiciels embarqués et le traitement numérique du signal. Toutes les technologies Kii sont conçues en interne et s’appuient sur la synergie entre Bruno et Bart.

Impressions d’écoute : Je vais pour une fois faillir à mes habitudes en commentant mes impressions sur la qualité du grave, du médium et de l’aigu. Ensuite, je vous livrerai de façon générale mon appréciation d’ensemble.

Le grave est plein. Il possède une bonne densité avec une véritable articulation. Il permet d’apprécier le rythme du morceau et le tempo imprimé par les musiciens.

On accorde souvent la priorité à un grave qui descend assez bas pour donner l’illusion du volume mais c’est oublier tout le bénéfice qu’on retire d’un grave contrôlé et rapide qui vous met davantage en communion avec l’interprétation. Mieux vaut avoir un grave un peu court mais un vrai grave plutôt qu’un grave lourd qui va créer un voile et brouiller la restitution.

Avec les Kii Three, nous avons un grave dynamique qui descend étonnamment bas en fréquence.

La méthode Active Wave Focusing mise au point par Kii Audio, qui conserve l’alignement temporel, joue son rôle en produisant une onde sonore parfaitement homogène. Cela contribue à un meilleur équilibre général des basses fréquences.

Dans les grands espaces, il manquera peut-être un peu d’amplitude et de tension. Cette infime faiblesse car il ne s’agit en aucune façon d’une lacune, tout au plus une légère limite à soutenir un grave ample, pourra être comblée par l’ajout d’un caisson de graves, le système BXT (http://kiiaudio.com/bxt.php) qui a été présenté au Salon de Munich en mai 2018.

Extrait musical (Michel Jonasz) sur les Kii Three BXT au High-end Munich 2018. https://youtu.be/fiwTvhIgPfM

Le bas-médium n’est pas entaché de lourdeurs. La résonnance de la caisse des instruments à cordes est parfaitement perceptible.

Le médium, qui est la partie la plus critique d’un reproducteur est très neutre. S’il est trop haut perché ou légèrement voilé ou s’il est insuffisamment transparent, c’est la perte de toute l’émotion transmise par un chanteur ou une chanteuse.

Ce lyrisme qui fait tout le charme des systèmes performants, qui fait que l’on y croit, que l’on vit le moment, que l’on perçoit la sensibilité de l’interprète et que l’on profite de sa prestation, est d’une importance capitale.

Avec les Kii Three, nous avons affaire à des voix suaves, chaleureuses, à la tonalité respectée, parfaitement situées en hauteur, des timbres réalistes, très différenciés.

Le titre Melody dans “Histoire de Melody Nelson” (S. Gainsbourg) est révélateur. “Jojo” chanté par Jacques Brel (album Les Marquises) l’est tout autant. Melody Gardot également …

A ce stade je propose à Stefaan de remplacer le Wireworld, que je trouve un poil sombre, par le câble USB livré avec les Kii Three. Immédiatement, les interprètes se révèlent plus présents et plus vrais.

Quelques réglages sur le Kii CONTROL permettent de peaufiner encore un peu plus l’ensemble.

L’aigu, quant à lui, est fin, varié et riche en détails. Il contribue à “éclairer” le message et à nous faire profiter au mieux des harmoniques des instruments.

Avec les Kii Three, on perçoit les petits signaux, de type réverbération de salle, qui permettent de ressentir l’environnement, l’ambiance et l’acoustique du lieu de l’enregistrement.

Cette faculté de nous immerger dans l’instant présent est essentielle. Il participe au plaisir que nous avons lorsque nous assistons à un concert.

Dynamique : Parfaitement répartie, elle est très homogène.
Définition : Lumineuse, elle n’est jamais appuyée.
Scène sonore : Large et profonde, elle possède un excellent relief.

Capacité émotionnelle : Sur de bons enregistrements, les Kii Three sont capables de rendre véritablement l’émotion d’un concert.

Malgré les aptitudes du serveur Innuos à traduire cette émotion, un Chord ou un Esoteric auraient apporté aux Kii Three encore plus de matière et de rapidité. Les Kii Three sont suffisamment performantes pour traduire ce gain de qualité.

Utilisation conseillée : Dans n’importe quel local domestique, les Kii Three pourront s’exprimer en donnant le meilleur d’elles-mêmes avec une absence de coloration (et de distorsion) rarement observable dans cette catégorie.

Les professionnels de l’enregistrement verront dans les Kii Three un outil de travail d’une qualité supérieure à bien des enceintes de contrôle, souvent conçues pour une utilisation exclusive en studio.

Conclusion : Les enceintes Kii Three proposent une restitution de la musique d’une étonnante fidélité. Il est difficile de leur trouver un véritable défaut, tant leur neutralité est évidente.

Les enceintes dites actives ont ce lien en commun, c’est qu’elles ne trichent pas. Bien que très précises, à la manière des enceintes de monitoring, celles qui sont étudiées pour la Hi-Fi sont parfaitement musicales.

Jolies, faciles à installer et à faire fonctionner, les Kii Three confirment le haut niveau de musicalité de ce type de fonctionnement.

Les Kii Three sont des enceintes attachantes qui combleront la plupart des audiophiles et des mélomanes.

Véritable concentré de technologie au service de la Musique, je doute que l’on puisse accéder à ce degré de musicalité avec un système de prix équivalent.

Rapport qualité/musicalité/prix : 18,5/20.

L’ensemble, enceintes Kii THREE + Kii CONTROL + deux pieds, avec ses câbles, est proposé à 13.595€. Garantie 5 ans. Le serveur Innuos Zenith MkII Std est à 2.699€ (modèle avec SSD 1 To – 32 bits / 384 kHz, DSD256 et MQA via USB).

D’autres couleurs sont disponibles moyennant un supplément, ainsi qu’une version professionnelle. Se renseigner auprès de Stefaan.

Titres écoutés : Charles Marie Widor : L’adagio de la 5ième symphonie pour Orgue (Kristiaan Seynhave), Gute Nacht de Winterreise Franz Schubert Thomas Bauer et Jos Van Immerseel, Gute Nacht de Rodolphe Burger du CD Psychopharmaka, Within (Daft Punk), Jojo de Jacques Brel (Les Marquises), Gatekeeper (Feist), La liste de Schindler : thème (Isabelle Durin, Michaël Ertzscheid), L’amour des escargots (Bruno Coulais), Trust (Nils Wülker), Unanswered Letters (Bliss), You Look Good To Me (Oscar Peterson Trio), Free Spirit (Ibrahim Maalouf. Album Red & Black Light. Mister Productions), Sweet Memory (Melody Gardot), Histoire de Melody Nelson (S. Gainsbourg), Capricio pour flûte solo n°24 du CD Nicolo Pagani (Patrick Gallois), Zigeunerweisen, Op. 20 Pablo de Sarasate (Anne-Sophie Mutter) du CD Carmen Fantasie, Wiener Philarmoniker, James Levine. Deutsche Grammophon 4D. Et pour terminer Parrots and Lions de Maria Joao et Mario Laginha du CD Tralha.

Banc d’essai (en anglais) : Kii Audio THREE. https://docs.wixstatic.com/ugd/67443d_21da4a2085f1433ba88dad3a124403aa.pdf

Auteur de l’article : Jean RAZZAROLI
Consultant indépendant
Rédacteur et démonstrateur de matériels Haute-Fidélité